41. Une page de mon journal confiné

17 mars 2020, on nous informe que nous passons au télétravail. Serait-ce pour une semaine ou deux?  Aujourd'hui, j'en suis à ma onzième.

20 mars 2020, le président de la république annonce le confinement total: plus de restaurants, cafés, bars, grandes surfaces, parcs ... plus de vie à cause de la propagation du virus "COVID-19-SARS-MERS-MARS-AVRIL-MAI-PUTAIN SA RACE!" et ce, jusqu'à nouvel ordre.

Comment l'ai-je vécu?
La première semaine, je tiens le coup: télétravail de 8:30 jusqu'à 12h30 et de 13h30 jusqu'à 17h30. Merci maman qui veille à me préparer de bons petits plats à grignoter pendant mon heure de pause.

La hausse du nombre des contaminé-e-s est publiée, tous les médias en Tunisie (et ailleurs) se lancent dans un bombardement d'informations et de sensibilisation par tous les moyens disposés pour inciter les citoyen-ne-s et leur rappeler de ne plus quitter leurs domiciles et de bien rester confiné-e-s. Seules les urgences, les promenades des chiens et les courses sont tolérées. Les mesures deviennent de plus en plus sérieuses...ça ne sent pas bon, ça pue la dépression !

Plus le temps passe, plus j'essaie d'innover. Maman et moi faisons du sport devant l'écran de la télévision avec l'assistance virtuelle d'un coach connu pour l'originalité de ses activités.
Un moment unique durant lequel je partage beaucoup de complicité mère-fille que je n'oublierai jamais.
Puis, je prends ma douche, je parcours le fil d'actualités, je bouquine, je prends mon chat dans mes bras et je dors.

Les semaines passent, la routine s'installe et un vide énormissime commence à envahir mon être.  
Un vide qui ne peut être comblé qu'avec les sourires de mes bien-aimés, les câlins de mes amis et les rencontres inopinées.

Les fous rires partagés, les accolades senties à l'odorat et au toucher ... tout a manqué!

J'ai fait de mon mieux pour rendre ce confinement le moins déprimant possible mais en vain. J'ai perdu toute inspiration et tout sens de créativité.

Comme si tout cela ne suffisait pas, Monsieur Ramadan a débarqué et la fête a continué.

Qu'allons-nous devenir après?
Des machines programmées? Des êtres dépourvu-e-s de toute sensibilité?
Quelles séquelles laissera cette expérience mondialement partagée dans nos souvenirs, nos cœurs et nos cahiers? 
Comment allons-nous conter ce que nous avons enduré à nos enfants qui ne sont pas encore nés?
Quels mots choisirons-nous pour décrire combien étions-nous désorienté-e-s?

Nous faisons face à la peur la plus commune:  la peur de l'inconnu!
On ne sait pas, on ne sait jamais !

Une partie de mon âme est gravement heurtée suite à ce confinement forcé.
Si je publie ce texte aujourd'hui, c'est pour me rappeler qu'un jour j'ai survécu à cette épreuve extrêmement énigmatique et obscure.
Mais je ne veux pas oublier que c'est la période durant laquelle tout le monde ignorait si jamais il y aura une fin à cette réalité.

Sabrine Jartouh / Mauritanie / 2013 

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